Irrepressible - Collages

Collage de rue, Festival des fiertés, Galerie du Montparnasse, Paris 14.

Collab avec Gaëlle Matata, photographe.

Invitation et photo Juliana Dorso.

 12/11/22. 

C'est l'histoire d'un désir et d'une énergie irrépressibles, qui se propagent à partir du mur, du trottoir, du sol, d'un pan de surface jusque là sans histoire, et lui donne une vie propre.

Collages à partir d'affichages publicitaires sauvages arrachées de la rue et recomposées dans une forme nouvelle, ébouriffée. Topographie poétique. 

Une éruption, un cristal, une chevauchée venue d'ailleurs, j'improvise ces collages dans la rue où iels débordent, s'échappent, ou sur des draps anciens, nomades. Iels respirent.

Les pièces de mon Degree Show (mai 2021, supra) ont gagné en autonomie. Gigantesques, elles se tiennent dans cette tension paradoxale entre leur aspect brut et la fragilité que l'on pressent.

Hybrides, iels incarnent un état d'équilibre instable et démontrent la possibilité d'une utopie : habiter un espace, comme suspendu, choisir l' indétermination, la non-conformité, l'étrange insaisissable, être vivant.

Je remonte le temps : 

Lors du confinement au printemps 2020, j'ai commencé à déchirer des journaux, principalement Libé  (choisi pour les idées comme pour l'icono) : ils me donnaient mes couleurs et mes formes. Et à les assembler, à composer une ou des cartographies qui progressivement s'étalent. Jusqu'à travailler directement sur le mur : c'est le Wallpaper qui est toujours au-dessus de mon lit. 

Ces collages (ci-dessus) inspireront aussi des formes acryliques (ci-dessous) , août 2020, dans la grange, Aveyron nord. 

Les rapprochements se font par familiarité ou étrangeté - dialogue sans mots entre l'intuition et sa propre logique. L'alphabet est infini et a plusieurs dimensions - cet "infini au carré" qui me fascine. L'infini puissance infini, pour être plus juste, approcher la multiplicité des agencements dans une langue dont la syntaxe ne sera jamais écrite. Elle est toujours à écrire et re-écrire. Chaque pièce est un mot, une phrase et une histoire, à la fois, selon l'échelle à laquelle tu la considères.

Automne 2020, retour à Paris, la frustration, autant de la petitesse des  morceaux de papier que du confinement, est montée d'un cran. Je passe dans la rue. Un peu comme un recyclage à la manière du catch-and-release, dont les premiers collages dans la rue ont tiré leur nom : les No-kill Islands.

L'expérience du collage dans la rue est électrisante, comme une performance qui produit une œuvre d'art éphémère. Mon attachement à chaque collage est-il inversement proportionnel à sa durée de vie ? Je me demande. Il y a eu Flower Power l'été 2021. Et j'y reviens régulièrement. 

Celui-ci par exemple est-était Rue du Montparnasse devant la Galerie du même nom. Réalisé pour l'expo Boitaqueer dans le cadre du Festival des Fiertés de Paris 14ème en novembre 2021, c'était une contribution/une place à/dans cette expo "qui sonne juste" pour moi (complétée qu'elle était bien sûr de l'organisation d'ateliers avec Modèle vivant.e ^^).

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